Sectes : l'arbre peut cacher la forêt
FAMILLE

Sectes : l'arbre peut cacher la forêt

Adams Kwateh
« Je pense qu'il manque une prise en compte institutionnelle » , obser ve Catherine Picard. (Mégane Labinsky (stagiaire)
« Je pense qu'il manque une prise en compte institutionnelle » , obser ve Catherine Picard. (Mégane Labinsky (stagiaire)

La présidente de l'Union nationale des associations de défense de la famille et de l'individu (UNADFI), Catherine Picard a donné une conférence jeudi soir sur le thème « WLa problématique sectaire. L'occasion de rappeler la vigilance autour d'un phénomène qui s'adapte à son temps » .

« Les sectes sont toujours là, mais elles se manifestent par d'autres méthodes, d'autres outils » , constate Catherine Picard dont le parcours et l'engagement politiques sont largement consacrés à la lutte contre les dérives sectaires.
Aujourd'hui présidente de l'UNADFI, forte de 22 associations départementales dont la Martinique, elle a été députée de la 5e circonscription de l'Eure de 1997 à 2002. A ce titre, elle a été la rapporteuse de la loi sur la prévention et la répression des « mouvements portant atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales » connue sous l'appellation Loi About-Picard.
A la fois comme femme politique et conseillère en éducation populaire et pédagogique au ministère de la Jeunesse et des Sports, elle a mené différentes actions destinées à la sauvegarde de l'intégrité morale et intellectuelle des personnes.
D'où sa venue à Fort-de-France pour marquer les 30 ans de la création de l'ADFI en Martinique (Association pour la défense des familles et de l'individu). Jeudi soir, elle a traité de « La problématique des sectes » , devant un public peu nombreux mais suffisamment averti de ce phénomène de société qui n'épargne pas la Martinique, même si de moins en moins de cas de manipulations mentales, d'embrigadements psychologiques font l'actualité. Cette relative accalmie serait plutôt trompeuse si l'on suit les observations de Catherine Picard, a averti Lucien Zécler, président de l'ADFI-Martinique.
« LES MOUVEMENTS SECTAIRES S'ADAPTENT À LA DEMANDE »
« Les mouvements sectaires sont toujours actifs et leurs domaines d'intervention ont été élargis » , analyse l'ancienne élue. Et de citer les dérives thérapeutiques dont les acteurs sont des personnes ou des structures qui prônent des thérapies alternatives à la médecine. Cette « défiance » par rapport à la médecine dite classique se manifeste dans le cas des patients souffrant du cancer et de maladies dégénératives (1). « Les mouvements sectaires s'adaptent à la demande d'accompagnement des personnes en souffrance et à la recherche de bien-être et ils en ont largement les moyens » , insiste Catherine Picard. Le phénomène n'a pas non plus délaissé les champs dans lesquels ils ont toujours sévi : la formation ou l'éducation. « Le travail d'alerte des cas d'embrigadement sectaire est l'affaire de tous » , conseille-t-elle. Le premier geste est « le signalement des situations » . C'est la mission de tous les citoyens, en premier lieu ceux qui sont en contact avec une victime. Il y a également le travail des associations qui reçoivent des victimes ou leurs proches. « Mais le travail des associations n'a de sens que s'il est relayé par les services de l'Etat » , conseille Catherine Picard. Les signalements peuvent provenir également de tous les citoyens qui prennent ainsi leurs responsabilités afin de « mettre une personne à l'abri s'il y a danger » .
Autre axe de mobilisation : le travail de prévention. Catherine Picard préconise la formation du personnel sanitaire et social, des agents du ministère de l'Education nationale ou du ministère de la Justice.
Qu'en est-il en Martinique à la suite des échanges avec les membres de l'ADFI-Martinique ? « Je pense qu'il manque une prise en compte institutionnelle » , observe la présidente de l'UNADFI. En clair, il y a une absence de la parole publique pour soutenir les gens qui sollicitent les associations de lutte contre les dérives sectaires. Du reste, l'état des lieux des phénomènes sectaires chez nous n'est pas du tout connu. Les regards se tournent forcément vers les services de l'Etat en charge de la lutte contre un phénomène de société qui piège les catégories fragiles de la société. Alors à quand une étude sur les mouvements sectaires en Martinique ?
Lucien Zécler, président de l'ADFI-Martinique. (Mégane Labinsky (stagiaire)
Lucien Zécler, président de l'ADFI-Martinique. (Mégane Labinsky (stagiaire)
(1) Lire le rapport du Sénat sur « dérives thérapeutiques et dérives sectaires » : www.senat.fr/notice-rapport/2012/r12-480-1-notice.html

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