RéGIONS - FRANCE ET MONDE
Une Ultramarine en remplace une autre rue Oudinot
France-Guyane 18.05.2017
FXGAnnick Girardin, hier, à son arrivée au ministère des Outre-mer, rue Oudinot à Paris, avec Éricka Bareigts (FXG)
Annick Girardin prend la suite d'Éricka Bareigts au ministère des Outre-mer. Elle n'a accepté la proposition du président Emmanuel Macron que très tardivement, quelques minutes à peine avant l'annonce du nouveau gouvernement.
C'est à 17h30, hier, qu'Éricka Bareigts, la
Réunionnaise, a passé le témoin à Annick Girardin, la
Saint-Pierraise.
Annick Girardin devient ainsi la 5e
ministre originaire d'Outre-mer à s'installer rue Oudinot. Comme
ministre de plein exercice, ainsi que l'a voulu Emmanuel Macron. Si
elle n'a posé aucune condition, Annick Girardin a pourtant hésité.
Jeudi dernier encore, elle disait non. « J'ai dit mardi soir tard
qu'il y avait une page qui se tournait et que j'allais rentrer sur
mon territoire... Et puis, aujourd'hui (mercredi, ndlr), en
échangeant avec le président de la République, je me suis dit non,
que je ne pouvais pas ne pas aller servir l'Outre-mer puisque ça
m'est proposé. Il y a des défis à relever, que j'ai toujours voulu
relever. Donc, je suis là. Ça ne se refuse pas. » Elle avoue
n'avoir accepté qu'une demi-heure ou une heure avant l'annonce du
gouvernement.
Hier après-midi, Annick Girardin se
refusait à aborder un sujet particulier, elle veut prendre
connaissance de chaque dossier. « Chaque territoire mérite mon
attention et toute mon attention. Il y a des urgences, je les
traiterai, mais permettez-moi d'attendre un peu. »
« CE DÉFI SE RELÈVE AVEC TOUS LES GENS DE
BONNE VOLONTÉ »
La nouvelle ministre des Outre-mer avait
fait savoir lors du départ de George Pau-Langevin son intérêt pour
les Outre-mer, mais avec la mer. « J'ai toujours plaidé pour un
grand ministère de la Mer et de l'Outre-mer. C'est ce que j'ai dit
au président tout à l'heure et nous avons échangé sur la question
d'une compétence maritime spécifique pour chaque bassin maritime de
manière à ce qu'il y ait une vraie logique dans le développement de
l'Outremer et de la mer dans nos bassins. »
Annick Girardin a cité les noms de ses
prédécesseurs en place depuis 2012 : « Des lois importantes ont été
faites ici, a-t-elle déclaré. À moi maintenant de les mettre en
action et de faire que ces décisions qui ont été prises avec
l'ensemble des parlementaires laissent des fruits réels sur les
territoires. »
Pour cette élue qui siégeait depuis 2007
sur les bancs des radicaux de gauche, être sous l'autorité d'un
Premier ministre de droite n'est pas un problème : « Le pari
d'Emmanuel Macron, c'est celui que j'ai fait dans mon territoire,
car seul on peut aller très vite, mais ensemble on peut aller très
loin. Le pari d'Emmanuel Macron qui a été choisi par les Français,
c'est ça, c'est construire l'avenir de la France, des territoires,
de l'Europe, mais aussi du monde, tous ensemble. Ce défi, il se
relève avec tous les gens de bonne volonté. »
FXG, à Paris
Éricka Bareigts quitte la rue Oudinot pour mener
sa campagne législative
« Je suis heureuse et honorée d'avoir
travaillé pour les Outre-mer. » Éricka Bareigts a prononcé une
allocution d'une quinzaine de minutes pour clore ses dix mois à
Oudinot. Elle a rappelé son « ambition pour la France océanique » ,
tout en reconnaissant clairement que « l'ambition de la République
océanique n'était pas encore achevée » . Après avoir salué Victorin
Lurel et George Pau-Langevin, ses prédécesseurs, elle est revenue
sur ses principaux dossiers : l'accord de Papeete, la loi égalité
réelle, le changement de regard dans la mobilité avec l'option du
retour au pays, le travail pour la mémoire (commission Stora,
commission des Réunionnais de la Creuse), la coopération régionale,
l'octroi de mer et le RGEC, les 38 millions d'euros pour compenser
la fin des quotas sucriers... Elle a même laissé entendre que
l'augmentation des quotas de rhum était pour très bientôt.
Revenant sur les excuses qu'elle a
prononcées à Cayenne au moment du dénouement de la crise sociale,
elle a indiqué : « Si c'était à refaire, je le referais. Il était
nécessaire de prononcer ces mots attendus. »
Enfin, elle a eu cette phrase sur la
jeunesse, « promesse de nos territoires » : « N'ayons pas peur
d'elle! »
Sur son successeur, Annick Girardin, elle
assure : « Elle est une Ultramarine comme moi, même si tous les
Ultramarins ne se ressemblent pas... Nous avons travaillé ensemble
comme députées, puis nous avons collaboré de nombreuses fois, elle
ministre et moi députée, puis ensemble en tant que ministre. Nous
avons toujours eu cette fibre ultramarine qui nous a fait beaucoup
nous réunir sur d'autres sujets. C'est une femme déterminée.
»
Le départ d'Éricka Bareigts, alors
qu'Annick Girardin répondait à la presse, a été remarqué : tout le
personnel du ministère l'a saluée par une immense salve
d'applaudissements.
FXG, à Paris